De tout temps, les humains ont vécu en relation avec les animaux. Cette proximité est profondément ancrée en nous, en eux. Au fil des siècles, le lien qui nous unis s’est modifié, transformé, il a évolué, bien sûr, selon les religions, les cultures, les époques, mais il a toujours existé.
Cette interdépendance entre les êtres vivants de tous règnes, de toutes races, de toutes natures, se retrouve aussi à notre ère.
Certains animaux viennent en aide de manière bien spécifique à des humains appelés à relever de grands défis d’ordre physique, émotionnel. Depuis nombre d’années déjà, des organismes forment et encadrent ce qu’il est convenu d’appeler des animaux d’assistance, ou de service.
Le travail de ces animaux – souvent, mais pas nécessairement, des chiens – est d’apporter une assistance particulière à leur humain. Pour cela, ils acceptent de suivre un entraînement lié au service qu’ils sont appelés à rendre : aider une personne non voyante à éviter les obstacles lors de ses déplacements, rappeler à un individu atteint d’un trouble psychiatrique de prendre ses médicaments, d’appeler les services d’urgence au besoin, etc.
Malgré cet entraînement, le chien demeure, bien sûr, un être vivant. C’est-à-dire un être sensible, doté d’émotions, d’instinct, d’intelligence, d’une personnalité, de goûts et d’envies qui font de lui un être unique et irremplaçable. Sa contribution à la vie d’un humain, des humains, va bien au-delà du service pour lequel il a été formé.
J’aimerais partager avec vous l’histoire de Dexter, un caniche royal, et de son humain, M. Jean-François Coulombe, afin de vous faire prendre conscience de l’apport inestimable qu’un animal peut apporter à une personne. Dexter a été intronisé au Panthéon québécois des animaux en 2017 dans la catégorie “compagnon”.
Dexter est un chien doué, certifié chien d’assistance, qui a été formé pour apaiser le stress post-traumatique de son maître, M. Jean-François Coulombe. Comme plusieurs de ses congénères militaires des forces armées canadiennes, M. Coulombe, après avoir combattu en Bosnie, a développé des symptômes sévères associés à des épisodes de stress post-traumatique. Alors que ce problème n’était pas reconnu dans le milieu militaire, M. Coulombe a dû vivre sans traitement pour cette condition pendant 15 ans, quinze années où ses symptômes n’ont cessé de s’empirer.
Une fois le trouble diagnostiqué, M. Coulombe, pour faire face à ses cauchemars vivides, à ses épisodes dissociatifs, à son hypervigilance et à son hyperactivité, devait prendre une médication lourde et sédative. Le trouble était si présent dans sa vie et si engageant que M. Coulombe, qui était alors en arrêt de travail, s’est isolé dans sa demeure, ayant peur de ses réactions avec son entourage.
Dexter, tel qu’il le dit, fut « la lumière au bout du tunnel ». De par sa formation, Dexter reconnait les moments de fragilité de M. Coulombe et, par des interactions directes, lui permet de passer au travers.
Par exemple, lors des cauchemars brutaux que vit M. Coulombe, Dexter, qui est à ses côtés, le réveille. De même, lorsque le niveau d’anxiété de M. Coulombe est trop important, Dexter est là pour l’apaiser. Il soutient également M. Coulombe en l’avertissant lorsque des personnes sont derrière lui afin que ce dernier ne soit pas surpris par l’apparition d’un individu.
Mais certainement, le rôle de Dexter est le plus important lorsque M. Coulombe s’immerge dans un état dissociatif où la réalité s’évapore pour faire place à des retours en arrière où M. Coulombe se voit en Bosnie, sur le terrain, dans des situations périlleuses.
D’ailleurs, c’est durant un de ces moments que Dexter a sauvé la vie de M. Coulombe. Alors qu’il conduisait son véhicule, ce dernier a été enseveli dans un épisode dissociatif et psychotique. Dexter, à l’arrière du véhicule, s’est empressé de se diriger vers son maître et lui a léché le visage jusqu’à ce que M. Coulombe se réveille. Si Dexter n’avait pas été là, un accident grave aurait pu facilement se produire, M. Coulombe précisant qu’il roulait alors à une vitesse démesurée sur l’autoroute, en plein hiver.
Dexter, c’est la lumière dans la vie de M. Coulombe. Grâce à sa présence et à son aide, les médecins ont été en mesure de réduire sa médication de 75 %. Ce dernier a également été en mesure de reprendre le travail et recommencer à avoir des interactions avec le monde extérieur qu’il a fui pendant tellement d’années.
Avec le temps, la complicité entre M. Coulombe et Dexter s’est développé en un profond attachement. M. Coulombe souligne les bénéfices incroyables de sa magnifique relation avec son compagnon de vie, et est à jamais reconnaissant pour ses loyaux services, lui qui lui a permis de retrouver une normalité, de se sentir en sécurité et de briser l’isolement dont il souffrait terriblement. M. Coulombe est sans équivoque, Dexter lui a sauvé la vie.
Le récit de cette histoire touchante ne mentionne pas les défis qui ont dus être relevés par Dexter et M. Coulombe, afin que leur relation soit un « succès ». Car toute relation, que ce soit entre deux humains ou entre un animal et un humain, est une occasion de grandir et de se connaître, ce qui ne se fait pas toujours sans heurts et remises en question, n’est-ce pas ?
Lorsqu’un chien d’assistance fraîchement « formaté » arrive dans la vie de son humain, tout ne se passe pas nécessairement avec fluidité. Un temps d’adaptation est nécessaire, de part et d’autre. L’humain doit apprendre à « parler chien » et le chien, sélectionné et entraîné pour ses qualités remarquables, doit lui aussi se mettre en phase avec ce nouvel humain (sachant qu’il s’agira le plus souvent de la troisième personne signifiante pour lui, dans sa jeune vie, après sa famille d’accueil et la personne chargée de son entraînement).
La communication animale constitue alors un outil tout indiqué pour faciliter ce processus d’adaptation mutuelle. Elle permet de « traduire » les demandes, les attentes, de part et d’autres, et d’éviter ainsi des mésententes qui pourraient perdurer et éventuellement, mettre en péril la relation.
J’aime l’appellation « interprète animalier », car elle décrit justement le rôle de la personne qui pratique la communication animale, dont le but est d’aider l’humain et l’animal à mieux se comprendre. L’interprète fait le pont, le lien, entre eux, un peu comme un médiateur, ou encore un traducteur.
Un animal n’adopte jamais un comportement sans raison. Lorsqu’il est possible de connaître les causes qui créent des difficultés, nous venons de régler 50% de la problématique.
C’est un peu comme lorsque nous, humains, avons un problème, mais que nous n’en parlons pas. Nous devenons frustrés, intolérants, plus irritables. Mais si nous pouvons nous confier à une personne de confiance, qui nous écoutera réellement, sans attentes, alors tout de suite, nous nous sentirons mieux, du simple fait d’avoir été entendu. Cela, même si notre problème reste entier.
C’est la même chose pour les animaux. Une communication avec eux les soulage de malaises, de messages qu’ils tentent d’exprimer, souvent par des comportements inappropriés, voire des maladies physiques, leur procurant ainsi un soulagement, un bien-être immédiat.
Au surplus, les informations ainsi obtenues permettent souvent à l’humain d’apporter des correctifs dans ses comportements, dans sa manière d’être, dans son niveau de compréhension des choses, ce qui, bien sûr, favorise une amélioration significative de la relation avec l’animal.
La communication animale permet de soutenir l’oeuvre de guérison offerte par les animaux aux humains. Pourquoi ne pas en profiter ?