Un ciel sans nuages. Un après-midi d’août. À demi-immergée, accrochée à l’échelle de la piscine, j’attends que mon corps s’adapte à la température de l’eau (froide). Mon attention est attirée par une mouche, une mouche tout ce qu’il y a de plus banal. Elle est sur le rebord de la piscine et frotte frénétiquement, et avec application, ses pattes d’en avant l’une contre l’autre. Des pattes filiformes. On parle de la finesse des pattes de mouches, avec raison.
Elle semble m’inviter à l’écouter. Je lui dis que ce n’est pas le moment ; je m’apprête à me baigner. Elle insiste.
« Je suis là pour te livrer un message. Le voici : nous, les mouches, agissons par instinct. Nous suivons notre odorat et il nous guide vers ce qui est bon pour nous, ce qui nous permettra de vivre, de nous alimenter (je perçois des odeurs d’excréments, de fermentation, très désagréables, très fortes).
Vous, humains, avez oublié de suivre votre instinct. C’est-à-dire que vous le percevez, vous percevez ce qui permettra de vous maintenir en vie, mais au lieu de le faire, d’agir selon votre « instinct » (dans le sens de « intuition »), vous intellectualisez ce qui est si simple à faire, et vous prenez une autre direction.
Nous n’avons pas ces complications. Dès que nous sentons ce qui est pour nous, nous nous empressons de nous en rapprocher. Car si nous attendions, nous mettrions notre survie en péril. Nous avons plusieurs « capteurs » d’odeurs sur nous, qui nous permettent « d’entendre », de « sentir », en quelque sorte, les odeurs.
Quand nous ne percevons rien d’attrayant, nous nous reposons. Nous gardons nos forces pour agir vite lorsqu’une odeur se présentera. Mais même quand nous sommes au repos, nos sens sont toujours en éveil, prêts à nous guider vers notre prochain objectif.
Vous devez réapprendre à suivre votre instinct, sans détour. Est-ce que vous sentez que c’est bon pour vous ? Allez-y ! C’est très simple, c’est le processus de la vie, celui que tous les êtres vivants observent. Seuls les humains tergiversent, intellectualisent et s’éloignent ainsi de ce qui est bon pour eux, de ce qui les maintient en vie. »
Je trouve la mouche bien sage… Je lui réponds ceci :
– Hum… Je veux savoir si ces conseils viennent bien de toi, et non de mon imagination (mais oui, ce fameux doute, toujours présent). Alors, si c’est bien toi qui m’as parlé, tu te poses sur mon bras. Tu vois ? Juste ici. Je ne bouge pas et tu viens sur moi, entendu ?
Aussitôt une autre mouche, surgie de nulle part, identique à celle toujours postée sur le bord de la piscine, atterrit sur mon bras, à l’endroit exact que j’avais indiqué en pensée.
J’ai regardé les deux acolytes et je les ai remerciées de leur message. Elles se sont envolées dans un même mouvement.
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Les insectes n’ont pas d’esprits individualisés, comme les humains ou la plupart des animaux. Ils font partie d’un seul esprit, dans ce cas l’esprit « mouche ». C’est la raison pour laquelle un autre individu a répondu à ma demande, indifféremment du fait que je m’étais adressée à mouche no 1. Communiquer avec une mouche, c’est s’adresser à l’ensemble du « peuple des mouches ».
J’avoue que je connaissais peu de choses sur les mouches. Mais après cette rencontre, et ma baignade, je suis allée vérifier certaines informations. J’ai appris qu’effectivement, les mouches ont un odorat hors du commun, nécessaire afin qu’elles soient guidées vers les aliments dont elles ont besoin pour se nourrir et pondre leurs œufs. Et aussi, que plusieurs de leurs « capteurs », de minuscules poils sensoriels, sont répartis spécifiquement sur leurs pattes. En se frottant les pattes, elles s’assurent de les maintenir bien nettoyées de sorte que leurs perceptions ne soit pas troublées.
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Est-ce que ce texte a changé votre rapport aux mouches ? De mon côté, c’est une certitude. Non seulement la banalité n’existe pas, mais nous pouvons apprendre de tout ce qui nous entoure. Il suffit d’y porter attention, de s’ouvrir aux enseignements du vivant qui se manifeste autour de nous.
On estime que les mouches sont sur terre depuis 250 millions d’années, et l’humain, depuis 3 millions… Elles en savent donc un bout sur la manière de survivre. Alors, gardez vos capteurs sensoriels bien nets et suivez votre « instinct », votre intuition, sans tergiverser !
2 Comments
Quelle beaux partages ❤ j’aimerais bien communiquer avec le monde animal comme vous le faite . Merci pour se partage
Guylaine, c’est une possibilité qui est en chacun de nous… Merci pour ce retour.