Que de détours, que de contournements pour éviter le face-à-face avec soi-même…

Que de détours, que de contournements pour éviter le face-à-face avec soi-même…

L’esprit nous propose tant de chemins sur lesquels s’évader, se distraire, nous faisant croire que nous allons mieux, que nous nous prenons en main, que les choses s’améliorent. Mais toutes ces stratégies, en fait, ne servent qu’à l’alimenter, lui, le mental-ego.

Il nous suggère des avenues qui vont souvent demander de fournir un certain effort, un travail, s’astreindre à une routine, une discipline, « se forcer » à poser une action déterminée et fréquemment répétitive. Par exemple :

• Un effort physique. Ah, le sport ! Qui peut-être contre la vertu ? La décharge d’endorphines apaisantes dont on devient vite dépendant, parfois couplée avec des objectifs de performance - la compétition - qui nous tiennent captifs, comme dans un tunnel. « Se dépasser » physiquement est un passe-temps extrêmement prenant.
• Un effort intellectuel. Se remplir la tête de problèmes, souvent créés de toutes pièces, qui, finalement, ne nous concernent nullement, ne nous apportent personnellement aucuns bénéfices réels une fois traités. « Se casser la tête » est une autre échappatoire redoutable.
• Un effort émotionnel. Le fait de porter son attention sur autrui, de s’en faire pour l’autre (tellement plus mal en point que nous), qu’il s’agisse d’un proche, d’un personnage de film ou de ce pauvre diable qui fait la une des nouvelles, victime d’un crime odieux. Nous consacrons temps et énergie à leur venir en aide - souvent alors qu’aucune demande en ce sens ne nous a été adressée - ou à imaginer des scénarios catastrophe dont nous pourrions être victime, et comment nous ferions éventuellement pour nous en sortir. S’en faire pour les autres ou pour des situations fictives et jouer au sauveur avec notre entourage est une fabuleuse distraction qui nous empêche de nous prendre en charge, de regarder ce qui réclame à être guéri en soi et d’effectuer les changements requis.

Tous ces stratagèmes d’évitement, et bien d’autres encore, nous laissent, une fois l’activité terminée, exactement au même point où nous en étions avant de l’entreprendre. Ils ne règlent absolument rien. Nos problèmes, nos souffrances demeurent vivants, actifs, ils ont seulement été différés.

Les humains passent ainsi leurs vies à s'occuper, se divertir, se soulager, s’apaiser et parviennent au bout du chemin de leur incarnation présente plus chargés qu’ils ne l’étaient à leur arrivée en ce monde, car rien n’a été allégé, épuré ; bien au contraire, des couches ont été rajoutées ! Et de cette manière se poursuit le cycle des réincarnations, absorbés qu’ils sont à servir et à nourrir un autre maître qu’eux-mêmes : l’ego, cette entité qui est leur propre création.

Tôt ou tard, le face-à-face avec soi aura lieu. Il est impossible d’y échapper, ultimement. Repousser ce moment ne fera que rendre notre tâche encore plus lourde dans le futur. Alors, pourquoi ne pas choisir d’entreprendre cette démarche aujourd’hui ?

L’heure de vérité où nous devrons prendre conscience de ce que nous avons fait et maintenons en place, tous ces dommages causés à soi et aux autres, ne pourra être évitée.

Il ne tient qu’à nous d'affronter la réalité de ce que nous sommes devenus, sans fard, avec humilité, de voir les erreurs commises afin de pouvoir commencer à réparer. Un pas à la fois, un jour à la fois. Chaque action en ce sens nous allège et nous emmène vers la liberté intérieure, qui est notre droit divin.