L’amour n’est pas ce que nous croyons qu’il est. Notre compréhension est erronée. L’amour a été manipulé, perverti, détourné de son sens véritable.
Vouloir « posséder » l’autre, c’est un élan qui se situe aux antipodes de l’amour, qui rend libre. Se morfondre, soupirer, espérer, désirer, ce sont des états de souffrance, de latence, de stagnation. Pourtant, ils sont constamment présents dans ce que beaucoup appellent l’amour.
La jalousie, cette peur d’être préféré, remplacé, de perdre un statut, une position, n’a rien à voir avec l’amour.
L’expression « tomber en amour » témoigne de cette distorsion ; l’amour élève, il ne fait pas perdre pied. Il rend meilleur, plus lucide, plus aimant, plus authentique, plus capable. L’amour guérit ! Il ne rend pas malade ! Ce n’est pas une glissade vers le bas ; c’est une montée vers notre vérité.
Certes, ce qu’on appelle les hormones du plaisir s’activent lorsque nous sommes en présence de l’être aimé ou que nous pensons à lui. Plongés dans une sorte de bulle, nous vivons une certaine perte de contact avec des plans de la « réalité ». C’est bien connu, le ciel n’est jamais gris pour les amoureux, aucun orage ne les atteint. Nous nous sentons enveloppés dans une masse euphorique qui donne l’impression, entre autres, d’être invincible. Nous voyons la vie à travers le prisme de ces endorphines, des lunettes roses.
L’humain est humain, c’est un être de chair. La recherche du plaisir, du contentement des sens est un objectif qu’il poursuit, inexorablement. À cause de cette caractéristique, physique, il est facilement manipulable. La publicité, le marketing sont basés sur cette réalité.
Toutefois, une part cosmique est aussi présente en nous. L’amour est une fréquence, à la fois terrestre (physique) et céleste (spirituelle). Appréhender l’amour à travers une seule de ces deux perspectives est le piège dans lequel nous sommes tombés.
L’humain a été amené à confondre plaisir et amour. Contentement et amour. Satisfaction et amour.
Ce qui se rapproche le plus de l’amour, aujourd’hui, c’est l’amour d’un parent pour son enfant. Pourvu que cet amour demeure « gratuit », c’est-à-dire qu’il soit offert sans condition, sans espoir d’un retour sur l’investissement.
Et ce qui s’en éloigne le plus, c’est l’amour conjugal. Ses objectifs sont, très souvent, strictement personnels, c’est-à-dire que nous cherchons d’abord à nous servir, à nous contenter, à de multiples niveaux.
Le parent qui impose des règles à son enfant pour l’éduquer, l’amener à se réguler, n’en retire aucun plaisir dans l’immédiat. Au contraire, en lui fournissant un cadre, des règles à suivre, le parent déploie des efforts alors qu’il serait la plupart du temps bien plus commode pour lui de laisser son enfant agir à sa guise. Faire respecter les règles de l’heure du coucher, du bain, du brossage de dents, d’une alimentation variée et saine, c’est exigeant ! Le parent s’impose tout ce travail par amour pour son enfant.
L’amour rend autonome, libre, heureux, épanoui, accompli.
L’amour pour son enfant ne meurt pratiquement jamais.
L’amour conjugal s’éteint chez une majorité de couples.
L’amour est un état d’être. Pas une émotion fugace, transitoire, passagère.
Comment est-il possible d’« aimer » quelqu’un et ensuite de le détester ? La seule explication, c’est qu’il ne s’agit pas d’amour.
L’amour ne meurt pas. Il est. Ce n’est pas quelque chose qu’on donne ou qu’on retire. Il existe ou il n’existe pas. S’il se manifeste, il ne disparaît pas. Peu importe ce que l’être aimé fait ou ne fait pas. Peu importe ses choix, qui nous conviennent ou nous déplaisent.
Aimer seulement lorsque l’autre nous sert, ce n’est pas de l’amour. C’est du contrôle, de la possession, de la manipulation.
L’amour fortifie, rend libre ! Il n’abaisse pas, ne dénigre pas, ne juge pas.
Nous avons été piégés, dupés, induits à croire que la satisfaction, le comblement de nos manques par l’autre était de l’amour. Non ! Ce qui nous pousse vers cette forme d’attachement, c’est la croyance en notre incomplétude et qu’il nous faut chercher ailleurs qu’en soi ce dont nous sommes dépourvus. Car oui, dans l’état où nous nous trouvons, il nous manque vraiment des parties de nous. Mais au lieu de travailler à les rechercher en soi, il est plus facile de se contenter dans l’autre.
Au lieu de faire son marché, nous pigeons, à des degrés très variables, dans le panier d’épicerie d’autrui. Nous faisons du troc : je te donne ceci, tu me donnes cela et nous voilà comblés. Erreur ! Même en supposant que les échanges soient équivalents – ce qui est loin d’être toujours le cas – qu’arrive-t-il lorsque le couple se sépare ou que l’un deux décède ? Chacun se retrouve à nouveau incomplet. Et la recherche d’un autre comblement extérieur recommence, ad vitam aeternam.
En quelque sorte, nous avons gardé une certaine mémoire de notre complétude, perdue, et nous ressentons le besoin de retrouver la totalité de ce qui nous composait, jadis. Alors oui, cet élan est juste. Mais au lieu qu’il nous propulse vers une recherche intérieure, nous sommes happés, appâtés par une quête extérieure ; cet autre possède ce dont je suis dépourvu, alors me voilà à nouveau complet.
Nous sommes affamés. On nous propose, par « publicité » (l’apparence physique), conditionnement (culture, coutume, « tout le monde le fait… »), les sens physiques (l’odeur, le ressenti, ces « papillons » dans le ventre), de quoi manger : le buffet à volonté existe ! Pourquoi alors travailler à semer dans son champ, pêcher son poisson, faire ses emplettes et cuisiner son repas ? Tout est facilement accessible, disponible, maintenant, avec ce qui nous paraît être un minimum d’efforts (ces « compromis » de la vie de couple, le prix à payer pour obtenir ce qui nous manque).
L’autre, celle, celui qui fait « battre mon cœur », qui possède ou me donne accès à ce dont je suis dépourvu (sécurité, divertissement, plaisir, présence, apaisement, valorisation, excitation, reconnaissance, rassurance, prestige, etc.), tout ce dont je crois avoir besoin pour me combler, pour réussir ce projet, cette vie, cet objectif, cette personne est devant moi, pourquoi je me priverais ?
L’expérience euphorisante, le tour de manège ne dure pas. Boire un verre de Pepsi stimule, énergise ! C’est une drogue. Mais une fois l’enivrement du départ tari, nous persistons à vouloir le maintenir vivant, le garder, le reproduire, encore et encore. Il s’agit de raviver la flamme qui n’est plus que braises ! Mais où est-elle donc passée ?
Certains travailleront d’arrache-pied pour s’adapter à ces nouvelles conditions, rationalisant : « il n’y a pas de bonheur parfait ». Plusieurs auront du mal à accepter la réalité, préférant se rejouer le film des mémoires d’un temps révolu.
D’autres fuiront les désillusions et iront renouveler leurs vœux du plaisir éternel ailleurs.
D’autres encore, devant l’évidence de la lune miel terminée, se sépareront pour vite se remettre en quête de « la » bonne personne.
Très peu se remettront en cause et auront le courage de se poser les bonnes questions, d’entreprendre un véritable examen de conscience, non par rapport à l’autre, mais par rapport à eux-mêmes.
Tout est mis en place pour que nous évitions de nous retrouver seuls et ainsi, avoir la possibilité de prendre conscience de nos richesses intérieures, de la totalité de ce qui nous compose et qui est bien enfoui sous des siècles de programmations, de conditionnements. Jadis, la survie des familles passait par les alliances maritales. Nous conservons en nous ces mémoires, qui nous poussent à vouloir faire du troc au lieu de rechercher en nous notre complétude.
Le face-à-face avec soi-même est le passage obligé pour quiconque aspire à retrouver en lui-même l’état d’amour. C’est en récupérant en soi la totalité de ce qui nous compose que nous quittons la position du demandeur, voire du mendiant. Ce chemin du retour à soi est le seul qui permette, finalement, d'accéder à l’état d’amour dépollué du désir d’obtenir quelque chose de l’autre. Et alors, les portes de la liberté s’ouvrent devant nous !
2 Comments
Quel puissant article inspirant!
Je vous remercie de mettre en lumière la responsabilité qui nous appartient, à chacun de nous, de nous libérer des bloquants qui nous empêchent de vivre une vie épanouissante et de ressentir le réel Amour en ayant l’audace de reconnecter à nos ressources personnelles afin de rétablir en soi l’état de complétude. Merci!!
C’est une voie accessible 🙂 ! Difficile, certes. Mais la seule qui donne la possibilité de se libérer de ce nous maintient en souffrance, coupés de notre souveraineté d’origine. Bonne continuité sur votre chemin !